Mon fils de 6 ans n’a pas l’air très pieux. Il joue pendant la prière du soir, n’a pas envie d’aller à la messe. N’est-ce pas inquiétant ?
L’environnement familial
Cette question en pose beaucoup, car la piété d’un enfant de cet âge dépend déjà de sa maturité mais aussi de son environnement familial ; est-il l’aîné ? Son père lui donne-t-il l’exemple de quelqu’un qui va à la messe ou non, qui y va avec des semelles de plomb ou avec joie, de quelqu’un qui a une relation personnelle avec Dieu ? Sa mère a-t-elle pris le temps, quand il était plus petit de l’éveiller à la Foi ? A-t-il posé des questions sur Dieu, sur la religion, la Foi ? Lui a-t-on répondu avec tout le sérieux nécessaire ?…
Rassurez-vous, chaque saint à son parcours !
En tout cas, l’inquiétude ne sert rigoureusement à rien. L’important est d’avoir une stratégie d’action éducative en matière religieuse, en posant d’emblée comme principe que Dieu a un projet de sainteté sur chaque personne et qu’Il n’appelle pas chacun ni de la même manière ni pour le même cheminement. La diversité des saints est pour nous un très bel exemple de ce qui peut nous attendre chez nos enfants, sachant que certains ont « viré leur cuti » après avoir fait gémir leurs proches, Marie-Madeleine, Augustin, Charles de Foucault, Saul de Tarse et bien d’autres.
On va à la messe…parce que c’est nécessaire !
Une première réflexion s’impose de toute façon : il faut une cohérence entre les différents volets de l’éducation. On ne va pas à la messe parce qu’on en a envie, on va à la messe parce que c’est nécessaire, que le Christ l’a voulu en instituant le sacrement de l’Eucharistie, que c’est source de force pour affronter les difficultés et de consolation pour supporter les souffrances. De même qu’on ne travaille pas forcément avec envie, qu’on s’oblige parfois à faire de l’exercice alors que le temps est maussade. Tout ce qui nous fait envie n’est pas profitable et tout ce qui est profitable ne nous fait pas forcément envie. L’entraînement d’un sportif de haut niveau peut être franchement désagréable et donner à penser que tout exercice scolaire doit être ludique… et peut l’être relève de l’irréalisme…
Expliquer !
Une deuxième réflexion en relation avec la première est qu’il faut tenir compte de l’âge et que 6 ans est un âge charnière, puisque c’est grosso modo l’âge médian de ce que l’on appelle « l’âge de raison ». Autrement dit pour simplifier, avant on dit la règle et on la fait respecter, après on dit la règle mais on l’explique et on répond aux objections… et on l’a fait respecter également.
Créer autour de l’enfant un climat d’amour de Dieu.
Troisième réflexion, la relation personnelle de l’enfant avec Dieu n’est pas le fait des parents. Dans ce domaine, Dieu agit avec sa souveraine liberté et l’enfant répond avec son libre arbitre. Il y a également un caractère, un tempérament, dont Dieu qui nous connaît mieux que nous-mêmes tient compte. Nous sommes faits à l’image de Dieu, qui est Amour, comme a tenu à le rappeler Benoît XVI par sa première encyclique. Or l’amour peut prendre mille formes et mille points d’application différents. L’important est donc de créer autour de l’enfant un climat d’amour de Dieu et d’amour du prochain, qui, il faut bien en avoir conscience, est radicalement aux antipodes de la société de consommation, d’égoïsme, de recherche du plaisir, dans laquelle nous vivons.
Un défi à aborder dans l’Espérance !
Nous sommes donc devant un défi qu’il faut aborder dans l’Espérance et non dans l’inquiétude. Dieu sait mieux que nous les dangers que court la jeunesse. Il demande aux parents de faire leur devoir d’état d’éducateurs et d’accompagner cette action nécessaire et non suffisante d’une prière ardente. Sainte Monique est un très bel exemple de ce qu’il faut faire en mettant son chagrin devant le Seigneur, en offrant la souffrance que lui causait son Augustin de fils en union à la Croix du Christ. Quand celui-ci a été sur le chemin de la sainteté, elle a probablement récité la prière du vieillard Syméon et le Seigneur l’a prise avec Lui sans que cette mort en terre étrangère n’ait le moins du monde entamé sa paix : sa fervente prière avait été exaucée. Chers parents, éduquez, priez et dormez tranquille !
Père Yannik BONNET