Un chèque scolaire pour choisir librement l’école des enfants.
Pourquoi faut-il faire campagne pour l’instauration du ticket ou chèque scolaire ? La première raison est tout simplement que ce mode opératoire, utilisé notamment aux Pays-Bas, est très largement ignoré des jeunes générations de parents d’élèves. Chaque fois que j’y fais allusion dans une réunion, je peux constater cette méconnaissance. Il suffit pourtant d’en expliquer le mécanisme, qui consiste à remettre aux parents un chèque, dont le montant correspond au coût de la scolarité standard du cycle d’enseignement de leur enfant, pour que ceux-ci comprennent que ce système est forcément le plus juste. Il permet effectivement aux parents de choisir librement l’école de leurs enfants sans pénalité financière. Nous avons déjà abordé l’importance de cette liberté et ce qu’en disait Jean-Paul II.
L’État change de rôle dans le système que nous préconisons et conserve une double mission indispensable, celle de veiller à ce que l’école choisie respecte la loi civile et celle de mettre en place un contrôle de qualité de l’enseignement.
Le contrôle de qualité : exemple des grandes écoles d’ingénieurs.
Pour ce qui concerne le contrôle de qualité, il existe en France, à ma connaissance, un cas où cette disposition existe, c’est celui des grandes écoles d’ingénieurs. Qu’elles soient privées ou publiques, elles sont inspectées régulièrement par la commission du titre de l’ingénieur, qui vérifie qu’elles se maintiennent au niveau de la compétitivité internationale. Ladite commission laisse donc une très grande liberté d’innovation aux grandes écoles, mais peut leur retirer le droit de donner le titre d’ingénieur en cas de baisse de leur niveau, mesurable à l’entrée comme à la sortie de leurs élèves ingénieurs. Pour ce qui concerne le respect des lois civiles, cela permet à l’État d’éviter tout endoctrinement sectaire de la jeunesse.
L’Etat non plus gérant mais garant.
Dans une telle disposition, l’État n’est plus gérant du système scolaire, ce qui lui permet d’en redevenir un véritable garant pour les citoyens, tandis que ceux-ci peuvent exercer leur liberté de choix d’un projet éducatif et pédagogique, à la fois conforme à leurs convictions et aux besoins de leur enfant. Face aux dépenses de scolarité, la justice est assurée.
Potentiellement, un système créateur d’associations éducatives variées et adaptées aux nécessités du terrain.
Si un tel système était adopté, il est évident que se développerait un grand nombre d’associations à vocation pédagogique, qui se chargeraient de la formation de leurs maîtres et enseignants et proposeraient des types de cycles scolaires diversifiés, ce qui est nécessaire compte tenu de la diversité des formes d’intelligence des enfants. Les élus locaux et régionaux, sollicités par les parents, pourraient collecter les demandes et les communiquer aux associations pédagogiques. C’est seulement en cas de non réponse de celles-ci à la demande que les pouvoirs publics joueraient un rôle de suppléance, pour le temps nécessaire.
Pour un système plus libre, plus juste et plus performant.
La transition avec le système actuel pourrait se faire en douceur. Il suffirait d’ouvrir le chemin de cette liberté scolaire véritable, application du principe de subsidiarité, et de gérer la diminution de l’enseignement étatique actuel. En fait, deux problèmes se posent au pouvoir politique : d’abord, celui du discernement du véritable bien commun des citoyens et, en second lieu, la question de leur courage pour faire avancer une telle proposition très novatrice pour notre pays. Dans tous les cas il y a un préalable au changement, c’est qu’il faut faire une véritable campagne d’information sur le sujet, assortie d’une mobilisation des laïcs catholiques et d’un appui de la hiérarchie ecclésiastique. La baisse mesurable et dûment mesurée de l’ascenseur social montre la faillite de notre système étatique, qui affecte les classes sociales modestes, ce qui devrait mobiliser tous les catholiques, laïcs et clercs. Affirmer qu’un tel changement est impossible serait faire preuve d’un profond manque d’espérance. La fille aînée de l’Église se doit de répondre courageusement au problème scolaire en proposant un système plus juste, plus libre et plus performant.
P. Y. Bonnet