Quant à la finance…
Quant à la finance, elle doit renouveler ses structures et ses modalités de fonctionnement pour redevenir un instrument au service de l’économie et de la création de richesses, ce qui exige une éthique rigoureuse et respectée. L’intention droite, la transparence et la recherche de bons résultats sont compatibles. Il faut mettre fin à l’usage abusif d’instruments sophistiqués, qui peuvent servir à tromper les épargnants. Les exemples ne manquent pas, par exemple dans le crédit coopératif, que des opérations utiles permettent une juste rétribution de l’épargne. Il est nécessaire d’empêcher les spéculations scandaleuses et frauduleuses et de protéger les sujets les plus vulnérables. Le micro crédit a montré que l’amour intelligent trouve des solutions, qui font appel à la responsabilité du préteur et de l’emprunteur, en conduisant ce dernier à l’autonomie.
Les consommateurs…
La consommation est elle-même non seulement un acte économique mais un acte moral. L’éducation des consommateurs dans ce dernier domaine est indispensable. Les associations de consommateurs sont devenues un pouvoir avec ce que cela peut comporter d’excès. Il y a donc une réflexion de fond à faire sur le problème de la consommation, sur l’aide que pourraient apporter de nouvelles coopératives, sur le commerce équitable, sur la formation des producteurs issus des pays pauvres.
En définitive, la mondialisation implique une réforme de l’organisation des Nations Unies et de l’architecture économique et financière internationale pour que se réalise concrètement le concept de « Famille des Nations ». Il faut, comme l’avait pressenti Jean XXIII, une autorité politique mondiale fondée sur la solidarité et la subsidiarité, réglée par le droit, visant un développement humain intégral, inspiré par les valeurs d’amour et de vérité, et non conditionné par les équilibres de pouvoir entre les plus puissants.
Chapitre VI : Le développement des peuples et la technique
La technologie, risque d’idéologie
Le pape va donc traiter de la place à assigner à la technique. Il s’agit d’une réalité humaine liée à l’autonomie de la personne. Elle exprime la maîtrise de l’esprit sur la matière, permet d’économiser les forces, de réduire les risques, d’améliorer les conditions de vie. Dans l’agir humain, l’élément subjectif c’est le travailleur, l’élément objectif est la technique. De ce fait, la technique ne peut se couper de l’homme, elle joue son rôle dans la mission donnée à l’homme par son Créateur de prendre en main la création. La technique devient un danger quand elle se confine dans le comment en semblant ignorer le pourquoi et en vue de quoi. La technologie peut donc devenir une idéologie, au nom d’une conception absolue de la liberté, affranchie des limites liées à la nature des choses. L’humanité serait opprimée par un pouvoir qui l’empêcherait de parvenir à la vérité et de trouver un sens à la vie. La mentalité techniciste développe une vision où le vrai coïncide avec le faisable. La clé du développement authentique réside dans une intelligence, capable de penser la technique au service de la personne dans toutes les dimensions de son être. Une telle intelligence évite le piège de la fascination de la technique et prend des décisions qui sont le fruit de la responsabilité morale : la liberté humaine est alors vraiment elle-même.
Le pape évoque plusieurs domaines cruciaux pour l’humanité, notamment celui des applications de la technique à la biologie, sur lesquelles il reviendra plus loin.
Bioéthique: deux types de rationalité
Benoît XVI revient alors sur le domaine de la bioéthique qui pose de façon radicale le choix entre deux types de rationalité, celle de la raison ouverte à la transcendance et celle d’une raison enfermée dans l’actualité du développement technologique, la raison sans la foi se perd dans l’illusion de sa toute puissance et devient étrangère au bien concret des personnes.
A la plaie tragique de l’avortement peut s’ajouter une planification eugéniste des naissances, une mentalité favorable à l’euthanasie, une culture de mort paradoxalement engendrée au moment où l’homme croit avoir dissipé tous les mystères de la vie. Une certaine culture contemporaine ne prend en compte que la possibilité technique, fécondation in vitro, clonage humain, recherche sur les embryons, hybridation homme-animal, etc. ces pratiques renforcent une conception mécanique et matérialiste de la vie humaine, ce qui favorise des jugements totalement arbitraires sur ce qui est juste ou injuste, digne ou indigne du respect.
Conclusion: l’humanisme qui exclut Dieu est inhumain
En conclusion, la parole du Christ nous donne la clef de notre développement : « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire ». L’humanisme qui exclut Dieu est inhumain. L’amour de Dieu transforme les cœurs de pierre en cœurs de chair. L’amour riche de vérité nous est donné et c’est lui qui permet le développement de tout l’homme et de tous les hommes. Que Marie Mère de l’Eglise, Miroir de Justice et Reine de la paix nous protège et nous assiste.
Père Yannik Bonnet