Le couple qui me questionne a trois garçons (les deux aînés et le petit dernier) et deux filles, étagés entre quinze et six ans d’ âge, père au travail, mère au foyer et tous les enfants à l’école. La maman est ingénieur grande Ecole mais réalise sa vocation profonde en élevant ses cinq enfants. Elle ajoute que son mari a un métier qui lui permet de faire vivre sa famille, et qu’elle ne se sent pas le droit d’occuper un poste rémunéré alors qu’elle voit tout ce qu’il y a d’utile à faire bénévolement dans la ville où ils habitent.
Cette famille, que je connais depuis longtemps, est profondément unie, humainement et spirituellement, et elle témoigne d’une solide joie de vivre. Le couple n’est pas inquiet de son devenir, mais il perçoit avec acuité le climat pernicieux du monde environnant.
Ils commencent, en se relayant, une longue litanie de faits actuels, hélas d’une grande banalité, ruptures de couples d’amis, suicides d’adolescent(e)s, cohabitations des jeunes adultes, addictions diverses, et je les arrête car je ne manque pas d’informations de ce type.
En fait, ce qui les interroge, c’est que tous ces drames leur semblent toucher des familles comme la leur, croyantes, pratiquantes, en apparence équilibrées. Là encore, je confirme, en précisant simplement que les dangers énumérés épargnent des familles que l’on pouvait présumer fragiles, et en percutent d’autres que l’on pensait peu vulnérables.
Puisqu’ils me demandent si j’ai quelques conseils à leur donner, je vais le faire sans avoir pour autant d’illusions sur le caractère universel de leur pertinence!
Tout d’abord, il faut comprendre que la menace qui plane sur notre monde est d’ordre spirituel. C’est le combat du Bien et du Mal, un combat angélique dont l’ampleur nous échappe et nous dépasse. Seuls paratonnerres, le Rosaire, les Sacrements, le jeûne, l’offrande de toutes nos souffrances, épreuves et difficultés. Il faut expliquer cela aux enfants dès l’âge de raison, avec des exemples concrets, leur ouvrir les yeux sur les dangers, sur l’importance de la vertu de prudence, les habituer à faire usage des « paratonnerres « , à se confier à Marie qui fait fuir le démon.
Mais il faut également dialoguer sans cesse dans le couple et s’alerter mutuellement sur le danger causé par ceux et celles qui sont à l’affût des couples à leur portée, pour les détruire. Sans pour autant négliger que le danger peut venir d’une collaboration spirituelle ou caritative, réunissant une femme et un homme mariés chacun de leur côté ! Ne sous estimez jamais la malice du démon, qui sait à merveille pervertir une sympathie ou une complémentarité, en soit innocente, pour la faire évoluer en attirance malsaine.
D’une certaine manière, même si ce n’ est pas réjouissant, la dégringolade de notre pays au niveau politique et l’évidence qu’à vue humaine il n’y a plus de porte de sortie honorable, nous conduisent à nous centrer sur le mariage, la famille et l’éducation des enfants et à tisser des liens de service mutuel avec ceux qui sont proches géographiquement, car la solidarité de proximité va devenir primordiale. Les premiers chrétiens l’ont vécu, ils ont souffert, mais ils ont converti le monde. Seul l’Amour peut nous tirer du pétrin et rappelez-vous, il est inséparable de la Vérité.
Père Y. Bonnet