Les amies de ma filles l’incitent à prendre la pilule. Comment l’aider à ne pas entrer dans le moule?
L’environnement social endoctrinant
Cette question est d’une importance capitale, puisqu’elle amène au constat que l’environnement social de notre jeunesse est terriblement endoctrinant. Une maman que je connais depuis mes débuts de prêtre, interroge son grand fils qui vit avec sa copine : « Pourquoi ne vous mariez-vous pas ? » Réponse du garçon : « Maman, ça ne se fait plus comme cela ! ». La presse, la radio, la télévision, le cinéma, répètent le même message, celui d’une libération des anciennes contraintes, qui faisaient le malheur des générations précédentes : « Puisque l’être humain a la capacité de décider de sa vie en faisant des choix, en prenant des décisions, il faut le mettre en garde contre les habitudes, traditions, valeurs transmises par les générations précédentes. L’époque moderne représente un progrès, puisqu’elle permet à chacun et chacune de faire un usage de son libre arbitre sans aucune règle, sans aucun interdit, sans aucune limite. »
Un aspect d’un ensemble beaucoup plus vaste
Avant d’aborder la question de la pilule, qui n’est qu’un aspect, au demeurant non négligeable, d’un ensemble beaucoup plus vaste d’endoctrinement de la population, il convient quand on est parent de se persuader d’une chose : l’éducation de la personne doit anticiper et aborder très tôt avec l’enfant, dès l’âge de raison, la question capitale du libre arbitre et de son bon usage. La preuve qu’il y a un bon usage de ce libre arbitre, c’est que le bonheur et le malheur sont des réalités. Donc le bon usage du libre arbitre facilite l’accession au bonheur et le mauvais usage favorise les situations de malheur. Un usage du libre arbitre éclairé non pas par » les lumières » mais par la lumière de la foi est aussi une protection contre les malheurs, soit pour les éviter ( et le plus possible!) soit pour garder son âme!
Dialogue et éducation en vue du bonheur : le bonheur, cela existe!
Le dialogue avec les enfants dans la période, qui va des débuts de l’âge de raison (les premières questions, pourquoi ?) jusqu’à la prépuberté, est primordial. C’est là que se forge un climat de confiance, une habitude d’échange sur les conditions nécessaires à ce qui est le besoin fondamental de l’être humain, le bonheur. Quand je rencontre les jeunes dans les lycées, le fil conducteur de mon propos est toujours le bonheur. Où a-t-on des chances de le trouver ? Et à quelles conditions, on a des chances de ne pas le laisser passer ? On ne peut donc répondre à la question de la pilule sans avoir depuis longtemps abordé avec l’enfant le thème, humainement incontournable, du bonheur lié à l’amour dans le couple humain, du bonheur de donner la vie, de la joie de voir des enfants devenir des adultes, de l’importance de la famille…Or ce thème central ouvre nécessairement sur l’éducation de l’enfant à la connaissance et à la reconnaissance de la sexualité, aspect constitutif de la personne humaine. Chaque enfant doit être préparé à être homme ou à être femme, spirituellement, affectivement, corporellement. L’éducation sexuelle est fondamentalement familiale d’abord, ce qui permet de tenir compte de la maturation de chacun et de chacune, car le rythme d’évolution n’est pas le même pour tous. En outre, les enfants d’aujourd’hui voient en permanence les malheurs, qu’entraîne la rupture des couples. D’une certaine manière, cela facilite aux parents la manière d’aborder l’éducation sexuelle.
L’amour vrai et libre
Tout part de l’amour vrai, acte éminemment libre (Dieu, lui-même, ne peut nous forcer à aimer), donc acte mobilisant l’intelligence et la volonté. L’intelligence pour discerner le bien…de l’autre et la volonté pour s’y obliger. Les sentiments et la tendresse physique traduisent cet acte, intelligent et volontaire, de don de soi à l’autre, ce qui est dans l’ordre de la nature humaine, esprit, âme sensible et corps ; ce n’est ni le corps ni les sentiments qui doivent ordonner le don de soi. Si c’est le cas, il y a désordre et, tôt ou tard, dangers et malheur.
Prendre la pilule rompt l’unité de la personne, dissocie corps, sentiments et esprit, rompt les liens entre le don de soi et l’ouverture au don de la vie, rompt l’unité du couple en faisant peser sur la seule femme la maîtrise de la régulation des naissances, rompt les mécanismes naturels de l’équilibre biochimique de la femme. Prendre la pilule banalise l’union charnelle, la rend dérisoire et, de fait, nous pouvons constater que cela a favorisé l’immaturité des hommes, déchargés de toute responsabilité dans la paternité, l’infidélité et donc les ruptures conjugales, la routine sexuelle, les blocages psychologiques et leurs conséquences. La libération de la femme est la plus grande désinformation de la fin du 20ème siècle.
Alors, chères petites jeunes filles, protégez votre personne, gardez votre capacité de liberté par rapport à la dictature médiatique actuelle : votre esprit, votre âme sensible et votre corps s’en trouveront bien et vous aurez préservé la possibilité d’un amour solide et durable.
P. Y. Bonnet