L’éducation populaire : le brassage des initiatives.
A : 1899 : le cercle d’études du Sillon.
Mais qu’est-ce qu’un cercle d’étude ? passons par une autre culture, la culture suédoise, dans ce pays, l’éducation populaire ( Folkbildning) possède…350 000 cercles d’études, selon le Conseil Suédois d’éducation populaire. Les cercles existent depuis un bon siècle. En France, ils furent très actifs. Le premier fut celui du mouvement Le Sillon, de Marc Sangnier, association catholique dont l’histoire est représentative d’un pan des catholiques sociaux tentés par la politisation, ce qui valut au Sillon d’être dissous par la hiérarchie. Mais le principe de base mérite un détour par l’histoire afin de ne pas définitivement jeter le bébé avec l’eau du bain.
Marc Sangnier, tout comme Léon Harmel, constate la disparité et l’inégalité entre les classes sociales. Le domaine de l’éducation populaire ( aujourd’hui, nous dirions de la culture au sens où il existe un conseil pontifical pour la Culture) est un vaste champ d’évangélisation, mais pour Marc Sangnier, il doit s’agir d’une éducation mutuelle. Par le cercle d’étude du Sillon, Marc Sangnier s’oppose à une éducation paternaliste qui se fait sans l’ouvrier. Il entrevoit la richesse de l’éducation des pairs par les pairs. Un membre du cercle expose un sujet aux autres. On parle de tous les sujets, question sociale en priorité, mais aussi échange d’idées, de connaissances. On voit facilement le risque d’utilisation politique du cercle d’étude, mais aussi à notre époque son développement possible en matière culturelle, grâce aux innovations techniques d’internet et des visio-conférences : on assiste à l’émergeance des descendants des cercles d’études : co-expertise, forums internets internationaux, échanges de recherches et de documents…l’enjeu restant l’immense domaine de la culture, lieu d’éducation populaire par excellence.
Cependant, le mouvement doit combattre l’opposition de l’extrême gauche marxiste qui parfois perturbe les réunions organisées par Le Sillon ou l’hostilité de la presse de l’Action française de Charles Maurras. En 1910 Marc Sangnier, condamné par le Pape sur le plan doctrinal se soumet mais passe au terrain politique.
Après la première guerre mondiale il ouvre la première Auberge de jeunesse en France, baptisée l’Épi d’Or, elle est construite en 1929 à Boissy-la-Rivière (Essonne) L’année suivante est fondée à son initiative la Ligue Française pour les Auberges de Jeunesse. Que d’initiatives dont l’avenir sera prometteur!
B : La chronique sociale ( Lyon)
L’apprentissage, l’enseignement supérieur, l’enseignement ménager.
A : le pré-apprentissage.
1906 : l’atelier des Epinettes de Charles Kula.
1908 : l’école des petits métiers de Tourcoing.
Des cours de travaux manuels et beaucoup d’autres…
B : L’apprentissage.
1893 : Les Ateliers du Père Boisard ( Lyon)
1901 : l’atelier de l’abbé Rudinsky
1903 : L’Institut Jacquart
1934 : Les orphelins d’Elgolea : dans ce diocèse du Sahara, les soeurs Blanches et les pères Blancs créent des oeuvres sociales destinées aux plus pauvres, les enfants nés des soldats français et des femmes autochtones.
1918-1939 : Les Instituts salésiens.
Les catholiques oeuvrent aussi dans l’enseignement supérieur : En 1898, les frères des Ecoles Chrétiennes ouvrent l’Institut catholique des arts et métiers en 1900 à Reims, suivi d’autres ECAM ( lyon), puis ce seront toutes les écoles d’ingénieurs catholiques.
Et enfin, l’enseignement ménager : 1898, école ménagère du Rosaire, 1902, cours normal de Mde Diesbach, 1906, école ménagère des résidentes sociales, 1924 : éducatrices familiales…
Ainsi, la présence des catholiques dans la vie sociale autour de l’entreprise, à travers l’éducation populaire et la formation montre une immense vitalité. Il est juste de montrer, à travers la pérrénité de ces actions, l’apport des catholiques à la vie sociale et d’en garder la mémoire.
Père Y. Bonnet.