Création de syndicats mixtes : une tentative imparfaite mais innovante.
B : Syndicats mixtes du Nord : patrons, employés, ouvriers s’emploient ensemble à soulager la misère ouvrière, ce qui est positif. C’est pour améliorer la condition sociale que Philibert Vrau, grand patron de Lille , crée un syndicat. L’incontestable paternalisme reste le point négatif, malgré tous les efforts de Léon Harmel .( Les procès de béatification de Philibert Vrau et de Léon Harmel sont tous deux en cours et se heurtent à la conception du paternalisme différente d’ailleurs chez chacun) Ce syndicat connaît aujourd’hui une postérité dans le centre spirituel de Hautmont. Voici un extrait de leur site qui relate le but de la création du syndicat :
En 1884, les patrons du Nord se groupent en association dénommée « association catholique des patrons du nord » qui a pour but d’améliorer les rapports sociaux dans les entreprises. Ils organisent des retraites d’entreprises avec patrons et ouvrier. En 1888, apprenant qu’ils ne pourront pas disposer du château blanc, la construction du Hautmont est décidée. Grâce à une souscription « cellules par cellules de 4000 francs », les fonds nécessaires à ce projet sont réunis et la réalisation devient possible. La 1ere retraite y est donnée en 1890. Dès 1891, la maison prend son plein essor (2 136 retraitants dont 1 243 ouvriers), affirmant ainsi dès son origine la vocation d’approfondissement spirituel et social du centre du hautmont animé par les jésuites, malgré la dissolution officielle de la congrégation. La guerre idéologique fait rage dans la région contre le « sectarisme des patrons » et leur prosélytisme älors même que celle-ci fait face à un développement prodigieux de sa population ouvrière (multipliée par 10 en un siècle). Campagnes d’opinion, déclarations surprenantes, procès, etc…aboutissent dans un 1er temps à la fermeture de la chapelle, puis à la confiscation de la maison qu’il faudra racheter à l’Etat après la guerre de 1914.
La maison de Hautmont a été confiée à une communauté nouvelle, CVX, communauté vie chrétienne, ce qui montre une continuité entre les catholiques sociaux et les communautés nouvelles, continuité qui mériterait d’être étudiée.
C : Syndicat mixte de l’Aiguille ( 1892), pour le monde de la couture.
D : L’apostolat du Père du Lac SJ, ( 1892-1907), en milieu mixte : ouvrières et patronnes se rencontrent!
E : syndicat de l’Enseignement libre ( 1902)
Il ne faut pas oublier le contexte d’opposition farouche de l’époque : grèves et troubles sociaux se multiplient, le communisme et le socialisme prônent la lutte des classes. Les syndicats chrétiens qui oeuvrent dans un autre sens sont une alternative interessante et appelée à un avenir durable.
La Naissance de la CFTC.
Un certain Gastion Tessier développe les Syndicats de la rue de l’Echiquier. Il deviendra le premier Président de la CFTC lors de sa fondation en 1919 et sera un grand résistant lors de la seconde guerre mondiale, imprégnant la CFTC de ce même esprit de résistance et obtenant les grèves qui gêneront les Nazis et faciliteront la libération nationale du territoire. Il est co-signataire du Manifeste des Douze qui démarque le syndicalisme français du régime de Vichy ( 1940).
Les syndicats chrétiens se multiplient jusqu’en 1912 : Syndicats de la Rue de l’Université, Syndicats des Arsenaux ( 1913), et aussi les Syndicats Féminins : à Lyon, à Paris rue de l’Abbaye ( 1902), Impasse Gomboust ( 1909) et Rue Vercingétorix. S’y ajoutent les syndicats dans l’Enseignement libre, et les Syndicats des Gens de Maison. ( 1911), et même un syndicat de curés! ( 1907)
Tout cela aboutit en 1919 à la création d’une confédération : La CFTC, avec le tandem Zirheld-Tessier.
Nous verrons dans notre article suivant l’essor de la CFTC.