Etre heureux à l’école.
Pour ma part, j’ai toujours oeuvré pour que la famille, l’école, l’entreprise favorisent l’émergence pour chaque enfant, élève, salarié, d’un projet personnel correspondant le mieux possible aux caractéristiques de la personne considérée, et susceptible de servir le bien commun. Ainsi projet personnel et doctrine sociale de l’Eglise sont tout-à-fait liés, comme on le constate sur le terrain.
Certains pourraient penser que ce projet personnel de l’enfant concerne essentiellement la question scolaire : comment faire en sorte que chaque enfant puisse suivre les études qui lui conviennent? Comment aménager nos méthodes pédagogiques et nos programmes pour que nos enfants soient heureux d’aller à l’école, y apprennent ce qui leur est nécessaire et ce qui les attire plus particulièrement? Comment former nos professeurs et diversifier nos établissements?
Mais en rester là serait insuffisant, car les études ne peuvent être qu’un moyen et non une fin en soi.
Un projet de vie incluant le monde du travail.
En réalité, le projet personnel de l’enfant doit être un projet de vie, que l’école comme la famille devront » servir » pour que l’enfant devienne un adulte capable de vivre pleinement sa vie d’homme ou de femme. Le premier appui de ce projet personnel de l’enfant demeure la famille, les parents : maternité et paternité sont un » service », le plus beau des services, celui de faire grandir ( l’autorité n’étant pas une main mise mais cette capacité à faire grandir ). cf Etre père aujourd’hui, est-ce plus difficile qu’autrefois?
Les parents et la famille chercheront des soutiens adaptés à ce service, dans les mouvements de jeunes, les clubs sportifs, les associations à vocation culturelle, artistique, spirituelle, etc, dans le monde du travail également.
En effet, un projet qui n’inclurait pas le monde du travail serait totalement irréaliste. Pas seulement parce qu’il faut travailler pour vivre, mais aussi parce que le travail contribue, de façon irremplaçable, à construire la personne, à façonner son identité, à lui donner le sens de son utilité. J’espère même avoir montré dans » Etre heureux au travail » qu’il contribue à son bonheur.
Un des signes de la schizophrénie moderne, en partie générée par le mythe de la société des loisirs, c’est le » travail-galère » subi, comme le chante la serveuse automate de Starmania : » parce qu’il faut bien que je paye mon loyer ».
» Starmania » restera à mon sens une oeuvre majeure : la musique de Michel Berger est belle, et le livret du canadien Plamaudon constitue une des plus authentiques chroniques du mal d vivre de la jeunesse des années 70-80. Un de ces messages lancée d’une génération à une autre comme une bouteille à la mer…
Inclure dans la démarche de l’enfant une réflexion sur son insertion dans le monde du travail.
Malheureusement, la leçon n’a pas été retenue, et les jeunes de l’époque, devenus adultes, ont laissé leurs enfants en » manque d’amour », » sans passé, sans avanir », et » prêts à tout casser avant de partir ». Voyez la violence à l’école!
Or, il existe des réponses à ces questions contemporaines. Le projet personnel de l’enfant doit donner un sens à toute sa vie, spirituelle, relationnelle et professionnelle. Il faut bien veiller à la cohérence des trois niveaux, et inclure, dans la démarche de l’enfant, une réflexion sur son insertion dans le monde du travail.
Notez bien ici que je considère la mère au foyer comme quelqu’un qui effectue un travail irremplaçable, qui exerce un des métiers les plus polyvalents que je connaisse. ce métier, il faut s’y préparer, et il n’est pas difficile d’imaginer le apports possible du cursus scolaire qui permettrait cette préparation de façon adaptée : combien de jeunes mamans ont besoin de faire un peu de comptabilité, de connaître l’essentiel sur la santé et la psychologie du bébé, etc…
Chères familles, aidez patiemment mais résolument vos enfants à inclure la dimension du travail dans leur projet de vie, et veillez ensuite à ce que l’école serve tout ce projet de vie. Aidez vos enfants à aimer ce qu’ils font, à ne pas avoir peur de l’effort, à être fier de leur métier, à se bâtir pour longtemps, à mettre le travail à sa juste place….toutes questions que nous verrons dans la suite de cette rubrique pour aider l’enfant à construire son projet personnel avec une espérance et un avenir.
P. Y. Bonnet