Le rôle de l’entreprise
L’entreprise est une communauté de personnes, une « cellule » de société, dont la vocation particulière est de fournir des biens et ou des services à des clients contre un paiement en retour. Elle peut se contenter de distribuer ces biens et services ou les produire elle-même, voir chercher, développer, innover mais, en tout état de cause, elle fait partie de l’économie marchande. Ceci ne l’empêche pas d’être en même temps une communauté humaine où le « bouclage » entre le social et l’économique doit être valable tant au niveau macroéconomique qu’au niveau microéconomique : l’économique doit assurer le social et permettre un bon fonctionnement à tout les niveaux.
La priorité à l’homme.
Libre entreprise et protection de l’homme.
Les partenaires de l’entreprise : des sujets participants.
1.La santé économique
Primum vivere. On sait suffisamment les drames humains, que déclenche la mort d’une entreprise, pour dire que le rôle de l’entreprise est d’assurer sa bonne santé économique. Nous n’insisterons pas sur tout ce que cela implique en matière de dynamisme commercial mais également de solvabilité des clients, de pertinences des produits et services, de souci de la qualité, de rigueur de gestion, de compétences techniques…etc. Tout cela est bien connu.
Nous voudrions insister sur la dimension morale, en termes de justice et de prudence, des retours des marges vers les trois partenaires que sont l’épargnant, le client et le salarié. Nous supposons que donc que l’entreprise est bien gérée et qu’elle est bénéficiaire. Or l’entreprise est redevable de quelque chose à ces trois partenaires. Le client a eu le mérite de la faire vivre, si l’entreprise ne continue pas à améliorer à son égard la qualité de ses prestations, ses prix, ses services annexes, le client lui osera être infidèle à plus ou moins brève échéance.
L’épargnant a eu le mérite de renoncer à la consommation pour sacrifier à l’investissement, en mettant son épargne dans l’entreprise, il a pris un risque ; on peut donc en toute justice ne lui donner sur la durée que le « loyer de l’argent », qu’il peut trouver partout sans prendre de risques.
Le travailleur, qui a respecté son contrat de travail non seulement à la lettre mais dans l’esprit, c’est-à-dire en apportant créativité et initiative, en acceptant des responsabilités, a en toute justice, droit lui aussi à bénéficier d’un retour de ces fruits de la productivité en plus de son salaire. Il convient à la fois de faire preuve de justice en « partageant » ces fruits entre client, épargnant et salarié, et de prudence à la fois pour garder à l’entreprise une marge de sécurité et pour apprécier celui des trois partenaires qu’à un moment donné il est nécessaire peut-être « d’avantager » pour ne pas le voir partir.La vie de l’entreprise dépend de la fidélité de ses clients solvables, des actionnaires loyaux, de ses travailleurs compétents.
B.L’insertion sociale dans l’entreprise et les hommes de terrain.
L’entreprise a un rôle a jouer dans l’environnement social, qui est le sien, surtout si son implantation est importante localement, a fortiori, si le poids des autres entreprises locales est faible par rapport à elle en termes d’emploi. Ceci dit, le rôle de l’entreprise est de chercher à éviter, si cela est possible, de fermer une implantation située dans une zone déjà peu favorisée, mais on ne saurait lui demander de maintenir l’emploi en faisant fi des considérations économiques, qui peuvent en conscience obliger les décideurs à mettre fin à une activité devenue, pour une raison ou une autre, non compétitive dans ce site. Le devoir d’une telle entreprise est d’essayer d’anticiper pour prévenir les à-coups brutaux, les virages à 180° et les prises à contrepied des décideurs politiques…et familiaux locaux.
Tout à fait essentiel, le rôle que l’entreprise (ou le monde de l’entreprise, syndicats professionnels, clubs d’entreprise) doit jouer en matière de formation. Formation au poste de travail, formation professionnelle et technique, formation à la microéconomie, sont les créneaux où ses compétences sont indispensables. Mais elle doit jouer un rôle de conseil et d’information , vis-à-vis des formateurs engagés dans des créneaux, qui ne les concernent pas directement, par exemple la doctrine sociale de l’Eglise ou la formation générale. Il est clair que la doctrine sociale de l’Eglise sera plus crédible, si ceux qui la diffusent ont reçu un appui d’hommes de terrain, notamment pour tout ce qui concerne les liens entre cette doctrine sociale et le monde de la microéconomie. De même pour l’enseignement secondaire général et l’enseignement universitaire, il faut s’interroger sur le contenu des programmes, dont l’utilité parait plus que douteuse à la fois sur le plan culturel, le plan méthodologique et le plan
pratique ! Le monde de l’entreprise doit jouer un rôle dans la validation de certains programmes de sciences, totalement inadaptés.
C.Le management des hommes
C’est dans ce domaine que le rôle de l’entreprise est le plus aisé à mettre en œuvre, car il ne dépend que de la volonté du chef d’entreprise, alors que dans les autres, il faut compter avec les concurrents, les clients, les actionnaires, l’état et les collectivités locales, les établissements d’enseignement… C’est la bonne qualité du management qui est pour une bonne part responsable du fait que les salariés se sentent « heureux au travail ». Ce bien être a un impact social important, car le temps de travail compte dans une journée ; un travailleur heureux le rayonne, quand il sort du travail, et donne à ses enfants une image positive de sa vie professionnelle. Au rebours, un travailleur peut être bien payé et donné une image négative de son entreprise, s’il s’y sent peu considéré. Pour résumer, le management des hommes comporte trois volets essentiels :
1) Les besoins communautaires de l’homme.
2) Déléguer, décentraliser.
3) Le développement de l’être humain est considérable…quand il se sent considéré!
L’homme sujet de l’économie et non pas objet : clé du management efficace et durable.
L’entreprise, lieu social éminent, par le management des hommes.
La doctrine sociale : rendre les hommes heureux au travail par un management fondé sur les valeurs chrétiennes
P. Y. Bonnet