A partir de quel âge peut-on demander à son enfant de participer aux charges familiales quotidiennes ?
Engager l’enfant dans une habitude de service.
Cette question ne peut évidemment pas avoir de réponse figée dans un chiffre, qui serait forcément discutable. En fait, l’important est d’engager l’enfant dans une habitude de service. L’agrément de la vie familiale est lié à la qualité des relations, à l’affection, aux petites attentions des uns envers les autres mais également à des éléments plus matériels comme l’ordre, la propreté, la disponibilité ponctuelle des locaux à telle ou telle heure. Ceux qui profitent de cet agrément, les membres de la famille, sont appelés à « mouiller leur chemise » pour en réaliser les conditions.
Identifier les tendances naturelles de l’enfant et proposer des tâches simples.
Les enfants ne sont pas tous naturellement portés à participer à ces tâches domestiques. Certains sont plus « lunaires » que d’autres et se montrent inattentifs à ces contingences matérielles, d’autres sont très centrés sur leur petite personne, trouvant normal qu’on s’occupe d’eux sans avoir envie de renvoyer l’ascenseur. Et puis il y a les enfants, qui vivent le plaisir du moment et remettent systématiquement à plus tard ce qui dérange ce plaisir immédiat. Comme il y aura « plus tard » un autre plaisir du moment, le plus tard deviendra facilement jamais.
Ces tendances s’observent assez tôt et il ne faut pas attendre l’âge de raison pour donner à l’enfant de bonnes habitudes, qui s’expriment de façon positive ou négative, par exemple ranger ses jouets avant de venir prendre son bain ou ne pas déranger ce qui est le coin réservé à tel frère ou telle sœur. Dès que l’enfant sait se déshabiller par lui-même, il peut apprendre à plier ses vêtements même approximativement où à aller les déposer dans la corbeille à linge sale.
Le faire participer aux tâches que les autres font pour lui.
Aux alentours des trois ans, avant donc l’age de raison, l’enfant qui a déjà dû apprendre à obéir pour ce qui touche aux fonctions élémentaires, manger, dormir, faire ses besoins, faire silence, venir se laver ou s’habiller, doit commencer à participer aux tâches que les autres font pour lui, ce qui permettra peu à peu de le faire participer aux tâches nécessaires à la communauté familiale, par exemple mettre le couvert, enlever les miettes de la table, essuyer un revêtement humide, etc.
La pédagogie du service du bien commun est donc à la fois précoce, pour ne pas laisser les enfants s’installer dans l’égoïsme, la paresse et l’inattention, et progressive parce qu’elle doit tenir compte des facultés physiques et mentales du petit. cf Comment lutter contre la paresse. P. Bonnet
Quand l’enfant entre dans l’âge de raison, les parents doivent continuer à imposer les différentes tâches de service, sans justifier de leur autorité bien sûr, mais en justifiant la nécessité du souci des autres et du réalisme face aux contingences matérielles, l’obligation morale de ne pas laisser le principe de plaisir dominer notre vie.
Etre ouvert aux suggestions d’amélioration !
En revanche, il faut être ouvert à toute suggestion de la part des enfants de modification des manières de procéder à ces tâches, si ces suggestions donnent de meilleurs résultats ou des effets équivalents à moindre coût. Les petits enfants, à tendance paresseuse, ont souvent beaucoup de talent pour simplifier les procédures, gagner du temps et diminuer les efforts ! Pas de raison de ne pas accepter leurs suggestions, du moment que le service nécessaire est assuré en temps et en qualité.
Vers la » petite voix de Sainte Thérèse ».
Dans les familles nombreuses, on sait très bien qu’il est nécessaire que tout le monde participe, on repère très vite les « tire au flanc » et généralement les aînés se chargent de mettre les petits « au boulot ». Il faut même quelquefois éviter qu’ils se comportent en garde chiourmes de camp de concentration ! Mais il est sociologiquement avéré que ce sont les familles nombreuses qui sont majoritairement les grandes fournisseuses de vocation religieuses et caritatives. Preuve que l’habitude du service au bien commun dès le plus jeune âge contribue à modeler la personnalité dans le sens de la vertu de charité.
Preuve également que l’amour du Christ et l’amour du prochain s’incarnent dans les petites choses du quotidien, ce que Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face a traduit spirituellement dans sa « petite voie ».
Père Yannik Bonnet