Les droits de l’homme (1) : la rupture avec la loi naturelle?
Le lien avec la loi naturelle.
L’Eglise, mère et éducatrice de l’humanité, poursuit l’oeuvre du salut et transmet l’enseignement de son Maître, Jésus Christ : l’anthropologie chrétienne est une vision de l’homme et de ses besoins qui offre la possibilité d’une société, d’un mode de vie, où l’homme puisse à la fois gérer au mieux les affaires temporelles, et se préparer à la vie éternelle.
La logique des droits de Dieu et des droits de l’homme dans une société basée sur des valeurs chrétiennes.
Dans la société » globalement chrétienne » des siècles derniers, l’Eglise s’est montrée dans les événements concrets de l’histoire comme la protectrice des opprimés de toute sorte par le biais des actions sociales caritatives des saints, des monastères, des hôpitaux, au milieu des vissiscitudes politiques diverses et des compromissions de ses propres membres avec les tentations du pouvoir. Il n’en reste pas moins vrai que sur le terrain, l’établissement d’une société chrétienne basée sur des valeurs authentiques a lutté contre les abus contre les droits de l’homme. Le terme historique reste un anachronisme jusqu’à notre époque, mais pas la réalité concrète. L’Eglise, dans une société chrétienne, était la championne des devoirs de l’homme envers son Créateur, et par extension envers son prochain. Comme l’a proclamé le Christ, les deux commandements n’en font qu’un et résument toute la loi et les prophètes : » Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces et ton prochain comme toi-même ». Dès lors que l’homme se reconnaissait conjointement des devoirs envers Dieu et le prochain, les droits de l’homme étaient, de facto, par le biais du commandement de l’amour, objet de respect. Bien sûr, l’enjeu restant le respect de ce commandement par ceux-là même qui le proclament, l’Eglise ayant toujours maille à partie avec le péché de ses membres en tant qu’individus et avec le fait qu’elle doit être la première à respecter ses propres règles, c’est-à-dire le commandement de l’amour en tout premier lieu.
Vers un humanisme indépendant.
Rupture avec la loi naturelle dans les Déclarations.
Dérives et dérivés idéologiques.
Cette lutte fratricide entre ces courants majeurs s’est poursuivie au 19ème et 20ème siècle avec l’émergeance des deux idéologies meurtrières qu’ont été le communisme et le nazisme. Leur affaiblissement politique au XXIème siècle n’empêche pas que le courant de pensée subsiste et qu’il se réalimente au contact du libéralisme idôlatre de l’argent, adorateur du profit. La sagesse issue de la culture biblique judéo-chrétienne a été perdue pour beaucoup, déformée et travestie par des régimes autocratiques coupés de leurs racines saines dans un premier temps, puis par des régimes basés sur le libéralisme sauvage corrompu par le profit au détriment de l’homme. La révolte contre ces régimes, devenue par amalgame révolte contre Dieu, conduit à la haine entre les hommes.
La réaction démocratique.
Il est toutefois heureux de constater qu’au lendemain de la seconde Guerre mondiale, les démocraties occidentales vont avoir le souci de promouvoir une nouvelle déclaration universelle des droits de l’homme. Elle sera approuvée le 10 décembre 1948 par l’assemblée générale des Nations Unies et censée être mise en application par tous les états membres de l’ONU. Elle a le mérite d’être conforme à la loi naturelle, même si d’un point de vue chrétien, on peut regretter qu’on ne parle pas des devoirs de la personne humaine et fort peu de Dieu.
Cependant, cette déclaration de 1948 est assez universelle pour avoir été saluée positivement par les papes. Ce sera l’objet de notre prochain article.
P. Y. Bonnet