Conscience et loi naturelle : convergence universelle.
Et les devoirs de l’homme? en particulier celui de faire respecter les droits de l’homme ?
Le Pape Jean XXIII déclarait : » Il serait vain de proclamer des droits si on ne mettait pas en même temps tout en oeuvre pour assurer le devoir de les respecter, par tous, partout et pour tous ». Le problème réside bien sûr toujours dans l’application. Les droits sont inséparables des devoirs, si l’on veut une application des principes. La loi naturelle voulue par Dieu est cohérente et logique! A partir du moment ou l’athéisme prend racine, les hommes ne se reconnaissent plus de devoirs sacrés et l’on massacre des milliers, voir des millions de personnes en prétendant défendre les droits de l’homme.
C’est parce qu’elle a fait ce constat que l’Eglise, sans rien abandonner de son enseignement sur les devoirs de l’homme est devenue la grande championne des Droits de l’Homme.
De fait, l’Eglise a opté pour s’appuyer et se référer à la Déclaration de 1948, en remplacement de celle de 1789, et en montrant que la dernière déclaration n’est elle-même qu’un point de départ et qu’elle doit être largement complétée. Pie XII s’était d’ailleurs réjoui en 1948 que les fédéralistes européens aient fait mention, en tête de la résolution de la commission culturelle du » commun héritage de la civilisation chrétienne ». Il déplorait que l’on n’allât pas jusqu’à la reconnaissance expresse des droits de Dieu. La pensée de l’Eglise n’a pas varié sur le fond et elle n’a pas renoncé à parler des droits de Dieu, des devoirs de l’Homme, liés à l’efficacité du respect des droits de l’homme.
Benoît XVI s’incrit dans la même pensée que ces prédecesseurs, dans son discours du 18 avril 2008 aux représentants des Nations Unies, à New York, pour le soixantième anniverselle de la Déclarations des droits de l’Homme, signalant les risques de » détournement » de la déclaration des droits de l’homme au profit d’intérêts particuliers
« À la fois nationale et internationale, la vie de la communauté met clairement en évidence que le respect pour les droits et pour les garanties qui leur sont attachées sont la mesure du bien commun, utilisée pour apprécier le rapport entre justice et injustice, développement et pauvreté, sécurité et conflits. La promotion des droits de l’homme demeure la stratégie la plus efficace quand il s’agit de combler les inégalités entre des pays et des groupes sociaux, quand il s’agit aussi de renforcer la sécurité. En effet les victimes de la misère et du désespoir dont la dignité humaine est impunément violée, deviennent des proies faciles pour les tenants du recours à la violence et deviennent à leur tour des destructeurs de paix. Pourtant le bien commun que les droits de l’homme aident à réaliser ne peut pas être atteint en se contentant d’appliquer des procédures correctes ni même en pondérant des droits en opposition. Le mérite de la Déclaration universelle a été d’ouvrir à des cultures, à des expressions juridiques et à des modèles institutionnels divers la possibilité de converger autour d’un noyau fondamental de valeurs et donc de droits : mais c’est un effort qui, de nos jours, doit être encore plus soutenu face à des instances qui cherchent à réinterpréter les fondements de la Déclaration et à compromettre son unité interne pour favoriser le passage de la protection de la dignité humaine à la satisfaction de simples intérêts, souvent particuliers. La Déclaration a été adoptée comme « un idéal commun qui est à atteindre » (Préambule) et elle ne peut pas être utilisée de manière partielle, en suivant des tendances ou en opérant des choix sélectifs qui risquent de contredire l’unité de la personne humaine et donc l’indivisibilité de ses droits. »
Un combat pour la vie.
Benoît XVI à l’ONU et au sommet mondial pour la Sécurité Alimentaire.
P. Y. Bonnet