Instrument de culture ou d’abrutissement?
Le pape Pie XII, à qui l’on annonçait que la télévision serait bientôt à la portée du grand public, avait répondu qu’il souhaitait qu’elle devînt un grand instrument de culture populaire mais qu’il craignait qu’elle ne devînt un moyen d’abrutir les foules.
En tout état de cause, un média est neutre et tout dépend de ce que l’on lui fait transmettre. Dans le cas de la télévision, les productions se sont multipliées et diversifiées et, dans cette surabondance, la part des œuvres de qualité pouvait difficilement se maintenir. Effectivement, s’il reste possible, grâce à l’enregistrement programmé, de trier des émissions excellentes, le niveau moyen s’est dégradé et les spectacles affligeants ont envahi le petit écran étalant niaiseries, vulgarité, amoralisme, violence et perversion.
En second lieu, la publicité est omniprésente et sollicite en permanence l’envie et le désir effréné des biens matériels, en flattant de façon complaisante d’autres désirs, sensualité, érotisme, voyeurisme etc. Elle est devenue l’instrument favori de la société de consommation, qui a insidieusement ravagé, dans les pays riches, la communauté des chrétiens.
Et que devient le temps passé devant la télévision?
En troisième lieu, un méfait, pourtant bien analysé par les sociologues américains, est souvent insuffisamment perçu par les usagers de la télévision, c’est le temps passé devant l’écran. Sans parler du temps perdu à « regarder », c’est la passivité que cela engendre qui prend possession du téléspectateur, favorisant l’habitude de l’inactivité, la diminution de l’esprit critique et donc de l’état de « manipulé ». Il n’est pas étonnant que l’école actuelle soit devenue un outil de « gavage de cerveaux », qu’elle ne forme plus à la réflexion et au jugement, qu’elle demande aux examens de régurgiter une nourriture insipide dans le meilleur des cas, et souvent nocive.
Mentalité zapping et insatisfaction.
Enfin, the last but not the least, la tentation permanente de changer de programme entraîne une mentalité de « zapping », qui a été également très vite perçu comme dangereuse par les sociologues américains déjà cités. On est très vite gagné par cette habitude de ne rien approfondir et de rechercher une satisfaction immédiate ; on voit toutes les conséquences que cela peut avoir dans de nombreux domaines, difficulté d’accepter un apprentissage, de rechercher par l’entraînement et la répétition une qualité de geste tout comme la maîtrise d’un langage, de prendre le temps de connaître l’autre sans se fier à une impression ou à une émotion, « patience et longueur de temps… » dit la sagesse populaire.
Comment se positionner en éducateurs face à la télévision?
Alors quelles positions prendre dans la famille par rapport à la télévision ? Tout d’abord les parents doivent se positionner en éducateurs soucieux du bien réel de leurs enfants et non en serviteurs de leurs caprices, de leurs désirs pas toujours sains, de leurs passions non ordonnées au Beau, au Vrai, au Bien. La télévision peut être bannie du foyer, cela facilite apparemment la tâche des parents mais il n’est pas sûr que ce soit le « bon choix ». Il me semble que le contrôle strict de l’utilisation de l’engin soit évidemment une règle, sur laquelle il n’est pas question de céder. Mais je pense que le plus important est de regarder avec les enfants ce que l’on a soigneusement trié de façon à les former à l’esprit critique.
En conclusion, peu de télévision, un tri sérieux des émissions, un contrôle strict des limites et des interdictions et une formation interne, par les parents, à un esprit critique en regardant avec eux des émissions choisies. Le magnétoscope peut permettre, de ce fait, aux parents de contrôler très strictement un téléviseur que l’on a équipé d’un dispositif de « fermeture » et que l’on peut installer… dans la chambre des parents !
Père Y. Bonnet