A partir de quel âge peut-on éveiller les enfants à la responsabilité ?
Eduquer à l’obéissance pour protéger.
Tant que les enfants n’ont pas l’âge de raison, il n’est pas possible de les éveiller à la responsabilité, mais il est déjà nécessaire de les éduquer à l’obéissance, ne serait-ce que pour leur éviter des accidents et des dangers. Il est évident déjà que cette obéissance doit être, du côté des parents, fondée sur la raison, de façon à ce que les ordres donnés à un petit ne lui apparaissent pas absurdes au fur et à mesure de l’éveil de son intelligence au raisonnement.
Expliquer le plus vite possible à l’enfant capable de comprendre.
Revenons à la responsabilité. Répondre de ses actes suppose que l’on a conscience de ce que l’on fait et des conséquences de ce que l’on fait. L’agir humain a donc une dimension morale puisque nos actes peuvent être bénéfiques pour nous ou pour les autres ou à l’inverse maléfiques. Le non-agir, la passivité, l’abstention sont soumis au même jugement moral. Conséquence de cela, dès l’éveil de la raison, l’éducation morale prend une importance capitale. La morale est faite pour le bien être de la personne, elle n’est pas un code rigide, un catalogue d’interdits, une liste de conseils impersonnels du genre « Cela se fait, cela ne se fait pas ». Il est important d’expliquer le plus vite possible à l’enfant, qu’il y a une nature humaine, que ce n’est pas l’homme qui l’a inventée et qui peut se permettre de la modifier.
Ce que l’enfant perçoit très bien dans l’ordre du sensible physique : l’acide pique, la flamme brûle, le choc provoque des bleus, des ecchymoses ou des fractures, il faut lui montrer que c’est également applicable dans les domaines affectifs, moraux et spirituels. Dès lors, on pourra peu à peu lui expliquer qu’il faut « piloter » son agir en fonction d’une finalité à atteindre, le Bien, qui nous est nécessaire pour le bien être, le bonheur.
Ne pas céder aux émotions, finaliser ses actes, discerner.
L’animal est guidé par son instinct, inscrit dans ses gênes. L’homme peut, dans certaines limites, « dresser » certains animaux et superposer à cet instinct un conditionnement réflexe. L’être humain est doté d’une capacité de « libre arbitre », qui lui permet de faire des choix …pas forcément potentiellement bénéfiques. C’est pourquoi le « petit » de l’homme a besoin d’être formé pour que son intelligence apprenne à discerner le Bien et d’être éduqué pour que sa volonté l’engage dans la voie de ce Bien et le freine dans la voie de la privation de Bien, qui a nom : le Mal. On l’éveille ainsi à la responsabilité, progressivement dès l’âge de raison, à ne pas céder aux émotions et aux pulsions, à finaliser ses actes, en fonction d’un discernement du Bien et du Mal à s’engager de toute sa volonté vers le Bien, en mettant de l’ordre dans ses objectifs. (cf Eduquer en tenant compte des conditionnements et des caractères, P. Bonnet)
L’amour, qui est le bien le plus haut – Dieu est Amour – exige pour la personne humaine un usage permanent de la raison et de la volonté, qui constituent à elles deux notre « poste de pilotage ». L’amour vrai peut alors se traduire sans danger dans les langages de l’amour, les sentiments et la tendresse corporelle.
Père Y. Bonnet